Présentation
Comment et pourquoi représenter le divin dans la tradition chrétienne ?
L’exposé portant sur la question de la représentation dans la tradition chrétienne et le lien essentiel du regard sur l’image dévotionnelle s’établira à partir et autour du Volto Santo de Manoppello. Objet dont l’émergence datant du début du XVIIe siècle l’inscrit au cœur du mythe de la Vera Icona, récit fondateur quant à la production de l’image divine au sein du dogme chrétien. À cet égard, le christianisme est la seule religion des trois monothéistes permettant la production d’images divines et introduisant à cet effet la notion d’image-contact, palliant ce qui se présente à la fois comme problématique et enjeu majeure en tant qu’acte de figuration.
Aussi dans sa transparence, du fond du sanctuaire de Manoppello, à deux cents kilomètres de Rome, les pèlerins cheminent jusqu’au cœur de l’édifice où se dresse face à une fenêtre un cadre présentant une toile diaphane. La fine trame de ce voile renferme un portrait christique qu’elle ne livre que dans son opacité, à qui d’un geste, lui procure une surface, un fond, de quoi s’imager. La main se retire, de nouveau la lumière traverse la maille ; alors l’image perceptible sur les deux faces du support s’évanouit, retourne à son invisibilité, liant de fait en une même surface absence et présence, incirconscriptibilité et désir de voir, image et abstraction.